CHAUFFAGE A DISTANCE
A la recherche de la chaleur perdue
Afin d’identifier et de limiter les fuites sur le réseau de chauffage à distance historique, les Services industriels de Lausanne (SiL) organisent une campagne de thermographie aérienne. Interview de Francesco Barone, gestionnaire d’actifs thermiques aux SiL.
Dans le cadre du Plan climat de la Ville de Lausanne, le réseau de chauffage à distance – actuellement long de 115 km - se développera fortement dans les années à venir. D’ici 2050, il alimentera 75% des ménages avec une énergie 100% renouvelable. Grâce à de nouvelles sources de chaleur (géothermie, aquathermie, bois…), il remplacera les chaufferies individuelles à énergies fossiles et fera ainsi diminuer les émissions de CO2. C’est donc un levier essentiel de la politique énergétique et climatique de la Ville.
Pourquoi une campagne de thermographie ?
Lors de sa création en 1934, le chauffage à distance s’est développé principalement autour de l’usine de Pierre-de-Plan, puis au nord-ouest de la ville (Boissonnet, Bossons). A l’époque, la technique consistait à poser les conduites dans des caniveaux en béton. Cette infrastructure montre évidemment des signes de vieillissement et cela se traduit par des défauts d’isolation et parfois des fuites d’eau chaude. Pour les détecter, nous avons mené une première campagne de thermographie aérienne durant l’hiver 2019. Elle nous a permis de localiser des défauts et des fuites. Nous avons aussi pu vérifier la fiabilité des résultats obtenus lorsque nous sommes intervenus sur le terrain (p.ex. av. du Grey, av. Aloys-Fauquez).
Trois ans plus tard, nous réalisons une nouvelle campagne pour comparer et évaluer l’évolution de l’état du réseau. Ainsi, nous pourrons établir un plan directeur d’assainissement du réseau et planifier les travaux urgents.
Comment se déroule une opération de ce genre ?
Un drone équipé d’une caméra thermique survole le sol, à une altitude d’environ 50 mètres, le long du tracé des conduites du réseau de chauffage à distance. L’opération est menée durant environ 15 nuits car c’est le temps nécessaire pour cartographier les 60 kilomètres de réseau nord-ouest. Pour garantir des images de qualité, elle doit absolument se dérouler en hiver, car cette période de l’année est considérée comme la plus favorable pour faire apparaître les contrastes chaud-froid et ainsi détecter les fuites potentielles. Les vols sont effectués de 22 heures à 7 heures du matin afin de profiter des températures nocturnes très stables et de l’absence de véhicules (dont la chaleur perturbe l’interprétation).
Les habitants verront-ils le drone ?
Sans doute pas car le drone volera à une distance des bâtiments d’au minimum 20 mètres et à une vitesse d’environ 1,5 mètre/seconde. Par ailleurs, le son produit n’excédera pas celui d’une voiture. En conséquence, ni nuisance sonore, ni violation de la sphère privée, ne sont à craindre.
Propos recueillis par F. Augsburger
Février 2022